One Planet Summit, un sommet de Paris plus opportuniste qu’écologique

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One Planet Summit, c’est ce curieux nom en anglais qu’a choisi le président de la République pour organiser ce qui s’apparente à une COP public/privé dont l’objectif flou, semble avant tout être un coup de com’ opportuniste.

Un sommet surprise

L’enjeu principal de ce sommet est le financement des investissements nécessaires à la transition énergétique. Intervenant quelques semaines après la COP23, ce sommet présente une singularité.

Décidé par le président de la République en réponse à la sortie des Etats-Unis de l’accord de Paris, ce sommet de Paris, ou One Planet Summit ressemble fort à un coup de com’. Pourtant la question du financement posée est loin d’être anecdotique. Si une cinquantaine de chef d’Etats y ont assisté, c’était surtout des mécènes privés et des multinationales qui étaient au centre de la conférence.

En 2015  pour la première fois, un accord universel et théoriquement juridiquement contraignant était adopté. Aujourd’hui 196 pays sur les 197 de la convention se sont engagés à le ratifier. L’unique absent étant les Etats-Unis depuis que la Syrie a annoncé y prendre part le 7 novembre dernier.

Le président français avait dégainé immédiatement après l’annonce américaine dans un tweet parodiant le slogan de campagne de son homologue américain.

Un site web avait été lancé pour initier un appel à projet, qui s’est conclu dernièrement. Le site invitait également les chercheurs américains à rejoindre la France.

Un sommet sous l’égide de la finance

Alors que la précédente majorité avait réussi le tour de force d’un engagement unanime des Etats, Macron vise lui des annonces de projets concrets à coût de milliards venus du privé.

La finance verte, qui consiste en l’émission de titres financiers destinés au financement de projets prétendument bons pour l’environnement, était ainsi un élément au centre du sommet d’hier. Pour l’instant cette finance en plus d’être marginale fait l’objet d’aucun contrôle sur le caractère environnemental des projets portés.

Cette approche est également limitée par sa philosophie. Il est nécessaire de trouver les financements de projets de développement durables. Toutefois ce n’est pas suffisant. Si demain, la moitié de la production électrique est issue de sources durables mais qu’on conserve la même capacité qu’actuellement en production émettrice de carbone, le réchauffement climatique n’est pas combattu.

Le fond souverain de la Norvège, alimenté par l’exploitation de la rente pétrolière se plaît à investir massivement dans des projets de développement durable. En vain, si l’ensemble des ressources pétrolières norvégiennes sont extraites et consommées.

Une initiative bien limitée

La régulation des émissions de CO2 ne peut pas se faire à coup de milliards de dollars d’investissements. Cette régulation nécessite une intervention forte des pouvoirs étatiques. Hors ils étaient les grands absents du sommet de Paris. Les Etats-Unis, la Chine, la Russie et le Canada ont envoyé des représentants de seconds rangs, marquant ainsi leur absence de soutien à la démarche française.

Ces Etats comptent parmis les premiers émetteurs de carbone et sans engagement politique de leur part, le réchauffement climatique ne pourra être combattu efficacement.

La démarche du président ressemble donc fort à une gigantesque opération de communication visant à séduire un pan de l’opinion publique qui ne lui ai pas forcément favorable aujourd’hui. Plus généralement il semble que ce sommet ait été l’opportunité pour Macron d’accroître son influence sur la scène internationale occupant un créneau laissé libre.

Un sommet en forme de promotion personnelle ?

Les dirigeantes allemandes et britanniques étant chacune empêtrées dans des problèmes politiques internes, le président français bénéficie d’une occasion assez rare de s’affirmer comme leader européen. L’isolement de Trump offre même des possibilité de rayonnement encore plus grand pour le président français.

Le choix de la question environnementale n’est pas non plus anodin. Il risque assez peu de trouver des concurrents sérieux du côté de la Russie, la Chine, ou le Canada, qui sont d’importants producteurs et consommateurs d’énergies fossiles.

On ne peut que constater que l’initiative présidentielle n’est pas dénuée d’arrières pensées. L’engagement écologique d’Emmanuel Macron est même contestable quand on se rappelle que c’est une loi qui porte son nom qui est à l’origine de la circulation de plusieurs milliers de bus diesel sur les routes de France.

Par Rédaction

Collectif de rédaction d'Avant Garde