Preview – Backbone, un jeu qui a du chien

Backbone

Le steam game festival a été l’occasion pour de nombreux développeurs de mettre en avant leurs jeux en développement. On a testé Backbone, un jeu indépendant où l’on incarne un détective privé dans un univers clairement inspiré de la bande dessinée blacksad. On vous fait un état des lieux après un peu plus d’une heure de jeu.

Ce qui frappe et interpelle dès que l’on parle de Backbone, c’est son style graphique. Une sorte de proposition de pixel art moderne dont le but n’est pas de jouer sur la corde nostalgique. Et c’est sublime. Techniquement déjà, j’ai rarement vu des effets de lumière dynamique et d’occlusion ambiante aussi réussie dans un jeu arborant des graphismes en pixel art, l’utilisation d’un puissant moteur 3D comme l’Unreal Engine se justifie ainsi complètement. Le rendu est comparable à celui du J-RPG de Square Enix Octopath Traveler, mais avec des textures 3D encore mieux intégrées aux décors en 2D. Un tour de force : Octopath Traveler est un jeu à gros budget lorsque backbone est un jeu indépendant développé par une petite équipe. 

Ensuite artistiquement, c’est peu dire que la direction artistique est de haute volée, certains passages que j’ai pu voir étaient beau à en décrocher la mâchoire : les environnements qui semblent sortis de films s’associent ici à la perfection avec le design cartoon des personnages. Les captures d’écran de ce jeu feraient en elle-même de parfaits fonds d’écran ou de parfaits posters.

La bande-son à base de composition jazz sombre souvent discrète est particulièrement réussie et elle se paye même le luxe d’un morceau chanté lorsque l’on visite un des clubs de la démo.

Backbone

Backbone est un jeu où l’on incarne un détective privé dans une ville américaine durant la moitié du XXe siècle, reprenant à son compte les codes des romans et films noirs. Mine de rien, il n’existe pas tant de jeux s’inspirant des films noirs. Il y a bien quelques grands jeux — Max Payne, L. A. Noire, dans des genres bien différents — mais trop peu face au potentiel que le genre a adapté en jeu vidéo. Et on a le droit aux clichés du genre : le jeu commence alors que notre héros reçoit une mission, celui de fournir la preuve de l’infidélité du mari d’une cliente ; dès le début, on nous fait ressentir la précarité financière dans laquelle se trouve notre héros, on sous-entend son goût pathologique pour l’éthanol, et on nous fait comprendre qu’il est un flic déchu. Certes, il s’agit de poncifs, mais de poncifs qu’on a qu’assez peu vus dans le jeu vidéo, le récent chef-d’œuvre qu’est Disco Elysium nous avait déjà ressorti ces poncifs pour les exagérer au-delà des limites du raisonnable. Malheureusement deux heures de jeu ne m’ont pas suffi pour savoir si Backbone allait se les approprier comme l’a fait disco, mais disons que le simple fait de les voir dans un jeu vidéo est plaisant. 

Le jeu s’inspire des point and click, bien qu’ici notre personnage ne peut se déplacer qu’horizontalement, et à l’aide des touches Q et D du clavier (ou de la croix directionnelle de la manette). Pendant l’heure de la démonstration, on a des phases de gameplay relativement varié. Le début de la démo est assez basé sur le texte, dont l’écriture (en anglais, et sans traduction prévue pour l’instant) est soignée, et on évite l’écueil des murs de textes qui rendent souvent désagréable la progression dans ce type de jeux. Ensuite il y a quelques petites séquences d’infiltrations simples, qui apportent du rythme et de la variété, mais dont on espère qu’elles ne seront pas utilisées trop souvent dans le jeu complet. Et enfin une énigme qui nous permettra d’entrer dans une pièce. Si deux heures ne suffisent certainement pas pour se faire une idée du gameplay d’un tel jeu, je suis enthousiaste à l’idée d’un jeu ne se limitant pas aux successions d’énigmes d’un point and click, mais variant les gameplay pour soutenir la narration. 

Nous allons suivre de près ce projet qui est d’ores et déjà une réussite sur le plan artistique, car il est possible qu’on soit devant un grand jeu. Il sortira l’an prochain sur ordinateur et consoles. Et on ne peut vous recommander que d’essayer le prologue disponible sur la page steam du jeu.